Caresse à la fleur de nos peaux

Peinture de Christine Hamann

Florilège de mots et d’expressions sur le thème de la caresse

Toucher – peau – sens du poil – caresses et bises à l’oeil – envelopper – partager – contour – tendresse – douceur

quelques mots de plus, issus de caresse

care (en anglais) = attention

ressac -sacré – arc

mais il y a aussi

crasse – casser – caser – cesser – race – acre – écrasé – acéré – esse – sac

secare (en latin) = couper

créasse (un imparfait du subjonctif)

scare (en anglais) = effrayer

César, un nom pas si propre, puisque c’est surtout une figure

pour finir, quelques mots glanés chez les autres écrivants 

décrispation – chair de poule – frisson – lien – caresser une idée – velours – ange – frôler – bouche – mains – contact

Patrick

DES CARESSES A FLEURS DE PEAU

J’avais 7 ans, j’apprenais à lire. « c et a » ça fait quoi comme son «K» il faudra te le dire mille fois. CA/RE/SSE. C’est quoi les caresses ? Dépêches toi, lis, il faut aller te coucher, il y a école demain. A la maison, pas de câlin, pas de cajolerie, pas de bisous, ni de yeux doux ou tendres pour me consoler, me cajoler. Pour avoir des caresses je m’offrais au soleil, au vent ou me frottais contre le dos du chat.

A 15 ans avec mes copines je chantais  «pour un flirt avec toi, je ferai n’importe quoi» et alors que pour elles, leur but était de ne pas oubliez  de séduire les garçons, de jouer de leurs codes. Liberté, liberté, le sexe est un jeu pas un enjeu. Mon objectif  à moi  était : étudies sans relâche, peines, rapportes des notes excellentes, car un secret me glaçait.

Pour ne pas qu’elles se moquent de moi, je leur racontais ma difficulté ; ma mère était fille mère. La honte qui rejaillissait sur elle « une pute », les souffrances  d’être seule en 1939 pour accoucher et élever un enfant sans père. Comment ne pas avoir la sensation que le moindre attouchement pouvait me mettre «en cloque » comme le chantait Renaud. Je ne voulais pas être coincé auprès des garçons, mais l’épée de Damoclès surgissait, et au moindre effleurement je me transformais en statut de sel,  toutes mes cellules se regroupaient en murailles de Chine. Même les sourires, les accolades, les amabilités étaient interdits, et pourtant on m’apprenait que les interdits sont faits pour être franchis, détruits, piétinés afin que d’autres apparaissent encore plus infranchissables et surtout plus enviables.  Essayer d’être  caressée par les mots, ou la littérature érotique qui ne manquait pas et attendre d’avoir la bague au doigt. Ou mieux encore comme Cendrillon attendre le prince charmant, et celui-là ne se fit pas attendre, des ailes me firent m’envoler vers les rivages de la jouissance, de la volupté, du donner et du recevoir, de la grande aventure de l’amour.

Elisa

Pourvu qu’elle vienne ce soir. Dans le noir, avec mes mains je dessinerai ses contours en ombre chinoise. À l’aveugle, je toucherai sa peau, ses émotions, ses frissons, et se dessinera dans le soleil couchant le paysage d’un lac entouré de montagnes. Un cormoran solitaire file au raz de l’eau. BART

Caresse à la fleur de ma peau

Lorsque ma main prend doucement ta main.

Tu as répondu à mon appel et nous voilà face à face dans cette grange fleurant bon le foin, éclairée par les rayons du soleil se faufilant au travers des poutres disjointes.

Sous nos pieds, les vaches ruminent tranquillement. Nous les entendons. Nous les sentons aussi. Quelques mouches volent autour de de nous. Peu importe, nous sommes réunis.

-C’est la première fois ? me demandes-tu dans un souffle

-Je te réponds « oui » dans ton cou qui sent si bon.

Le foin accueille nos corps assoiffés.

Nos mains dansent.

Je ferme les yeux. Nous nous laissons transpercer par ce désir si puissant qui nous élève, nous transporte loin, si loin….

Quand enfin nos souffles s’apaisent, je te regarde, tu me regardes.

Je te dis « je t’aime ».

« Je t’aime aussi » me renvoie l’écho de ta voix.

Élisabeth

Caressefiction

Ils se rapprochèrent cet hiver. Ils dansèrent. Une bise, pas plus. Il parle des retrouvailles en été et qu’il aimerait passer des vacances avec elle, voyager ensemble en roulotte. Elle écoute ses rêves et sa peau languissante lui supplie d’arrêter de caresser l’idée :

Caresse-moi !

Sabé

Caresse à la fleur de ta peau

Évocation douce du présent infiniment présent, absorbé dans l’instant. Évocation forte d’un passé que tu croyais oublié, de sensations qui t’ont construite, de moments de plaisirs qui malgré tout le reste, méritent d’être élevé au rang de souvenir, de souvenirs inconscients bien sûr.  Ton corps porte tous ces souvenirs quand il se gonfle et s’offre à nouveau, neuf, à l’oubli de tout …

Caresse à la fleur de ta peau. Absorbée dans l’instant, tu parcours les pairies imaginaires du bonheur, dans les herbes hautes et sauvages. Tu laisses couler la lumière, tu montes vers le soleil. Ta peau se réchauffe et ton corps prend son envol. Évocation forte d’un présent étiré, prolongé infiniment dans un futur qui nous semble éternel.

Éternelle, la douceur d’une caresse. Éternelle, la sensualité de nos corps mortels, faits de caresses et de peau. Nous ne sommes que promesse.

Les oiseaux volent dans le ciel.

Bart

Je te caresse

un manteau mamie-m’aime

te couvre la nuit

Sabé ©2021

Souffle dans ton cou

Étreinte de nos âmes

Corps à l’unisson

Élisabeth

Flirt

Une nouvelle fois, aile déployée, il tutoya la crête écumante, Raphaël aquatique.

Retournant au contact de la lame, il se se sentit basculer.

À tant vouloir caresser les sirènes, il se laissa engloutir par les flots.

L’océan le dévoila, débarrassé de ses oripeaux, nu comme un ver.

Patrick

État d’urgence


Une caresse à fleur de peau avait suffit à la réveiller.

  • J’avais oublié
  • Je ne le crois pas
  • Ces fragments d’inconscience suspendus à son souffle s’étiraient jusqu’au jour, dans un espace demeuré vacant. Ils s’étaient retrouvés dans les coulisses du petit théâtre fermé depuis quelques mois maintenant.

Point de scène Point de jeu Point d’applaudissement.Il faisait froid. Le rideau de velours rouge était à terre et ils s’en étaient servi comme témoin intime à leurs ébats, ou plus simplement pour se réchauffer. Saisissant le lieu autant que l’instant.

-Tu as froid ?

-Non. Euh, si

– Allons dans une des loges

-Non, restons là.

Comment figer cet instant avant qu’il ne leur échappe ?! Dehors, le monde avait basculé; la foule, les cris, les arrestations. L’état d’urgence avait sonné.Tant qu’il était encore temps, ils avaient couru jusqu’au fond de l’impasse, poussant brusquement la porte « Sortie des artistes » pour trouver refuge dans ce petit théâtre.

-Tu crois qu’on va mourir ?

-Oui, je le crois.

Elle ouvrit soudain les yeux. C’était dimanche. Il faisait beau. Le soleil était à fleur de peau.

Régine

Ta main dans ma main

Mes lèvres sur tes lèvres

Désir de nos corps

Elisabeth

Caresses à la fleur de nos peaux,

le vent marin se mêle à tes perles salées. Le fil de vie qui me cheville à ma frêle planche se tend parfois quand je tente des figures dignes du Kamasutra, puis se relâche au gré de ta fantaisie. Je passe et repasse de ta lèvre à ton épaule, jouant avec ton contour sans cesse changeant, tel un équilibriste sur le fil de ta lame, de ta larme devrais-je dire. Tantôt je me hisse, tantôt je glisse, les sens en alerte, guettant les moindres frémissements de ton enveloppe liquide. Le mat de mon surf, dressé dans l’air instable, griffe l’éther d’arabesques évocatrices, calligraphie suggestive sur des ciels à la Turner. Je reste en contact avec toi, maniant mon wishbone avec lucidité, attentif à tes soubresauts. Je me sens si proche, je prends confiance, évite soigneusement de te prendre à revers, épouse ton profil mouvant, toi mon amoureuse rebelle et sauvageonne. Je tente des défis toujours plus osés, je vis l’instant, scotché entre air et eau. À force de te caresser dans le sens de ma voile, je finis par baisser la garde. Le combat sensuel que nous nous livrons bascule en une fraction d’éternité. Je dérape sur ta frange liquide, et me retrouve avalé par le grand ogre bleu. Qui de nous a trahi l’union sacrée qui nous rendait indissociables ? Je roule et je coule seul à présent, cherchant mon souffle, livré à la furie de ton père impétueux. Notre relation tourne au sado-masochisme, je suffoque et me débats tandis que tu me maintiens la tête sous l’eau, refermant ta membrane liquide sur moi. Quand enfin je reprends pied, je suis éreinté, lessivé, nu comme au jour de ma naissance. Mon idylle avec toi en a pris un sacré coup, la vague vache.
Va, je ne parviens pas à te haïr, dans quelques jours je t’aurai pardonné et nous pourrons reprendre nos ébats de plus belle.

Patrick

Ma main caresse

Le velouté de ta peau

Amour infini

Élisabeth

Une caresse à la fleur de ma peau

Je me tiens debout. À travers ce pays étrange, à travers la pluie, le froid, les petites périodes ensoleillées. Les jours, je ressens le poids de mon sac à dos, j’admire le paysage et mes pieds foulent le sol rocailleux de ton pays. Les nuits, j’embrasse un oreiller modelé de mon pull en laine, et le petit matin au réveil ma main te cherche. Mais je ne te connais pas encore.

C’est juste à mon arrivée en ville que je te rencontre par hasard à l’arrêt d’un bus.

Tu me montre ta ville. Je me croyais à la fin de mon aventure, mais j’ai eu tort.

La traversée de la rue en pleine circulation à gauche déclenche cette aventure inattendue. Je ressens ton bras dans mon dos – „fais attention!“ Tu ne  me touches pas, mais dans l’air ton bras forme un arc protecteur. Quel sentiment inhabituel – quelqu’un me protège. Je ressens ma rigueur s’assouplir.

Nous traversons d’autres rues. Encore et toujours ton bras est là. Comme par hasard, il se rapproche de mon dos. Et mon dos se rapproche de lui. Mes épaules se relâchent, lentement les tensions fuient mon corps et commencent à céder la place à une chaleur qui semble se dégager de ton bras. Mais non, elle vient aussi de mon intérieur. Entre chaleur et frisson, ma peau ne sait plus faire la différence.

La route décrit un tournant et c’est de la droite que s’approche une voiture que je n’ai pas vu. Tu me retiens en me touchant légèrement à ma taille, rien qu’une caresse à la fleur de ma peau …

Sabé

La Vie Éternelle

Sa caresse à fleur de peau… Encore et encore…

Cela faisait des heures qu’il méditait pour qu’Il le guérisse ; pour que la caresse des Cieux sans relâche lui redonne encore une respiration en plus… Toujours aussi râlante !

— Je vais te guérir définitivement ; crois en moi ! Je suis ton Dieu et ton sauveur…

— Oui Dieu ! Je te crois ! Seul toi peux me guérir. La fièvre de la Covid–19 atteint 41 degrés. Je sais que je suis vieux. Du haut de mes quatre-vingt-dix-sept ans, je sais que je ne dois plus trop espérer… mais quand même ! L’Indochine, l’Algérie, pour le service actif, puis la Bosnie, l’Iraq, Le Mali dans les services secrets… J’ai vu tant de champs de batailles ! Mais il y en a un qui a toujours lieu en moi ; dans mon cœur… Le champ de bataille entre le bien et le mal ! C’est le bien que j’ai choisi depuis moultes années, et pourtant, ce soir, c’est le malin qui a prise, sur mon âme qui te cherche en vain, toi mon Amour, toi mon Dieu !

— Eh oui, mon fils ! Tu as rendez-vous avec lui bientôt ! Toute ta vie j’ai fait en ton nom, le pacte satanique qu’il te fallait pour vivre ici-bas, moi ton Dieu. Tu m’as laissé libre de mener ta vie à ma guise. Tu en as sauvé des vies ! Tu as reçu des médailles pour cela ; sans jamais tuer, malgré ton métier de soldat. Tu as su éviter de donner des coups, et tu as réussi à sauver deux cents trente-sept vies. Tu vois, je les ai comptées… Lui aussi, les a comptées avec rage. Moultes fois il a mis sur ta route l’obstacle du meurtre d’autrui… Et moultes fois tu l’as évité ! Comme cette fois au Tonkin, où tu as été torturé pendant des jours et des nuits avant d’être sauvé par tes camarades de la légion ! Tu vois, je tiens ton grand livre de la vie à jour, pages par pages, paragraphes par paragraphes et mots pour maux !

— Alors grand Dieu ! Tu vas me sauver encore une fois ! Je peux encore vivre cinq ans, dix ans ! Jeanne Calment a bien vécu jusqu’à plus de cent vingt-deux ans ! Allez Dieu, je sais que je n’ai pas toujours été un saint. Mais sauve-moi encore une fois… La dernière je te jure !

Il savait que la caresse des anges et de Dieu pouvait ouvrir les portes des écluses des Cieux…

— Ah ! Ah ! Ah… te voilà enfin, le grand guerrier qui n’a jamais tué !

— Toi ! Que fais-tu là ? Je n’ai jamais pactisé avec toi ! Pars ! Va-t’en ! Je ne veux pas te voir…

— Mais moi j’ai des comptes à te demander !

Je préfère mourir que te voir de près !

Quand il comprit qu’il était mort, que Dieu l’avait pris au mot… il fut soulagé ! De toute façon, sa vie n’avait plus de sens… Il avait un nouveau combat à mener… Son dernier combat de résistant des forces du Bien ! Celui contre le Diable ! Sans armes, sans haine et avec amour ! Pour le repos de son âme… Pour la vie éternelle…

Hugues

Acte de foi par une Caresse à fleur de ta peau

Je ne sais pas ce qui m’a pris soudain d’entreprendre cette ascension à ta rencontre, au beau Hélios. Sans doute ai-je saisi la part d’injustice que revêt le prendre sans donner.

Je ne supportais plus la lasse passivité qui entrainait inexorablement mes semblables à se suffire d’uniquement se dorer la pilule nonchalamment, ventousés à tes rayons comme un bébé agrippé nerveusement au sein de sa mère, sans rien concéder en partage.

Et toi, impassible étoile enflammée, tu te prêtais,  j’imagine fatigué, à ce jeux de dupe. Mais j’ai bien senti que cela finirait par altérer ton sourire à force  de tirer sur la corde. Ton intangible énergie finirait sans doute par se consumer d’impatience.

Alors je me suis dit que cela valait bien en retour que je vienne te rendre une once de pareil, en te gratifiant d’une caresse. Je n’ai rien calculé sur l’instant, j’ai juste estimé qu’il était  plus que temps de te renvoyer l’ascenseur et grandir en essence à tes cotés.

En m’adonnant à cet élan naïf, j’ai eu le sentiment de te renvoyer, à ma mesure, un brin d’équité. Il n’y avait rien de prémédité, juste une envie démesurée de prouver à ta face, par mon étreinte, qu’il n’y a pas de donner sans recevoir et vice versa.

Je ne veux plus d’un déséquilibre entre nous, ni d’une relation de Père à Fils, de créature à créateur, mais juste être à ton image. Au travers de cette relation réinventée, les perspectives s’ouvrent, ainsi que le champ des possibles. Je sens que ma part d’enfance et d’adolescence cohabite enfin avec cet adulte créateur que je veux être…J’exprime le vœu pieu silencieux que cela se fasse en ton sein, toi l’exhausteur du goût de la Vie, le sel de la terre et de nos talents cachés.

Yoan

Nanofictions

Bruits de pas dans la neige crissent dans mes oreilles. Rires des enfants, au loin. Je ferme les yeux. Le froid me donne la chair de poule. Soudain, mes yeux rencontrent l’eau figée. Me voici attirée dans ce cristal et aspirée par celui-ci. Baignée dans la lumière du soleil couchant je m’envole tel un ange

Juste avant de tomber dans les bras de Morphée, une pensée vint caresser mon âme. Demain, le reverrais-je ? le sommeil s’empare alors de moi. Je me vois m’élever de ma couche, atteindre la lune, traverser les cristaux d’étoiles. Ma peau devient lumineuse. C’est maintenant que je le vois.

Ma main effleure la tienne, timidement d’abord, elles se trouvent et se serrent enfin. Je suis là, tu es là. Je ne te quitte pas même si pour toi l’heure du grand voyage a sonné. Je ferme les yeux, tu frémis. Ne t’inquiète pas. Soudain, une musique nous enveloppe, tu es parti. Je reste avec nos souvenirs.

Élisabeth

Surfeur au soleil

Englouti par la vague

Adam renaît

Patrick